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Hélène Benois, artiste-peintre

3 août 2014

Un peintre à redécouvrir : Hélène Benois (1898 - 1972) - Éléments de biographie

 

 ZAK

Hélène Benois : auto-portrait (vers 1925)

La peintre Hélène Benois était la fille du peintre et historien d'art russe, d'origine partiellement française, Alexandre BENOIS (1870 - 1960), qui fut, avec Serge DIAGHILEV, l'un  des créateurs des Ballets russes au début du siècle dernier.

Elle naît le 31 mars 1898 à Paris, lors d'un  séjour temporaire de ses parents, habituellement domiciliés à Saint-Pétersbourg.

Dès son  jeune âge, Hélène BENOIS montre, tout comme son frère cadet Nicolas, de réelles dispositions pour le dessin et la peinture. Elle suit des cours à l'atelier de peinture d'Alexandre YAKOVLEV, fondé par la princesse Gagarine, où elle acquiert une connaissance poussée des grands maîtres du passé, et une technique du dessin et du pinceau hors de pair, dans un  style s'inspirant notamment de BOTTICELLI.

En 1920, elle émigre en France à la suite de la Révolution russe de 1917 (pendant près de 10 ans, elle habitera dans le XVème arrondissement de Paris, celui de la "colonie" des réfugiés russes, avant de se fixer dans le IXème). Là, son talent s'épanouit encore plus, dans des oeuvres à l'huile, à la gouache et au pastel, d'une facture classique et réaliste (portraits et natures mortes). Elle fait partie du cénacle parisien d'artistes de l'ex "Monde de l'Art" (Mir Iskousstva), exilés et rescapés de la tourments révolutionnaire russe. Rassemblés autour de son père Alexandre BENOIS, il y a là aussi son frère Nicolas, son beau-frère  Georges TCHERESSOFFsa cousine Zenaïde SEREBRIAKOVA, Ivan BILIBINE, Boris CHALIAPINE (fils du célèbre chanteur),  Dimitri BOUCHÈNE, Alexandre YAKOVLEV, déjà cité (peintre des croisières noire et jaune de Citroën), etc... 

Lavandou-1929

Hélène Benois et Charles Birlé (ancien diplomate français en Russie) au Lavandou en 1929, avec sa propre voiture  

Cassis-1930

Hélène Benois à Cassis vers 1930

 

Benois-Cassis

Hélène Benois avec ses deux fils Dimitri et Pierre à Cassis en 1936

À partir de 1935, Hélène BENOIS enrichit sa palette, avec la même maîtrise qu'auparavant, de tableaux d'imagination ayant un sens symbolique profond, à la fois fantastiques et teintés de surréalisme, et ceci sans renier ses amours passées. Elle aime par exemple agrémenter un tableau réaliste de quelques détails assez pittoresques en trompe l'oeil.

Sa notoriété montante, due à des commandes de portraits, lui permet d'organiser une exposition à la galerie ZAK en 1937, dont le catalogue comporte une préface du critique d'art Jean Vautier. 

 

ZAK-copie-2

 

D'autre part, ne terminons pas cette période d'avant-guerre sans mentionner sa participation aux décors théatraux de son père, exécutés pour la troupe d'Ida RUBINSTEIN.

 

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Hélène Benois en 1939

La guerre de 1939 et l'occupation allemande de 1940 - 1944 suspendent les activités extérieures d'Hélène BENOIS, mais celles-ci reprennent après la fin des hostilités, avec notamment une exposition organisée à la galerie André Weil, en 1952, et avec son affiliation à l'Union des femmes peintres, sculpteurs, graveurs et décorateurs, dont elle devient membre du Comité d'organisation, participant ainsi aux expositions montées périodiquement par cette association.

 

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 Hélène Benois en 1943

Alexandre

  Hélène Benois en 1944, faisant le portrait de son père Alexandre Benois dans son appartement du 2 rue Auguste Vitu (Paris XVème)

 

Benois-balcon

 Hélène Benois en 1946 au balcon de ses parents Alexandre et Anne Benois 

C'est à cette époque également qu'Hélène Benois se lançe le défit (réussi) d'exécuter une copie du tableau "La Madonne Benois" de Léonard de Vinci. Cette oeuvre se trouve à l'Ermitage de Saint-Pétersbourg et sa présence en Russie pose une véritable énigme (voir l'article plus bas).  

 

ZAK-3 

En 1955, elle a l'honneur d'être présente, aux côtés de son père et de son frère, avec trente-cinq de ses oeuvres, à la grande exposition ouverte de mai à juillet 1955 à Côme (Italie) sous le titre "Mostra dei Benois"

 

A

Alexandre Benois dessiné par sa fille Hélène en 1950

 

Benois-1955

Hélène et son père Alexandre Benois - Paris - 24/4/1955   

Hélène BENOIS décède le 16 juillet 1972.

Après sa mort, un certain nombre de ses oeuvres furent données par ses héritiers au musée de la famille BENOIS, créé en 1988 dans l'un des bâtiments du palais Petrodvoretz, situé en Russie à quelques kilomètres à l'ouest de Saint-Pétersbourg.

Et à propos justement de la famille de cette artiste, on peut ajouter ce qui suit : en 1923, elle avait épousé le compositeur russe émigré Ivan WICHNEGRADSKY, dont elle divorça après avoir eu un fils, Dimitri. En 1927, nouveau mariage avec le poète, également réfugié russe, Alexandre BRASLAVSKY, et la naissance d'un second fils, Pierre. Enfin, après un second divorce en 1939, elle s'unit an 1941 avec le pilote d'avion Rémy CLÉMENT avec qui elle termina ses jours.

Elle repose au cimetière des Batignolles à Paris (XVIIème arrondissement) dans une tombe aux côtés de son dernier mari et de ses deux parents Anne et Alexandre BENOIS.

Vous verrez quelques oeuvres d'Hélène Benois dans le haut de la colonne de droite (sous forme de diaporama si vous le souhaitez).

Texte établi par Dimitri VICHENEY

                                                                                                                                 

Dimitri-et-son-tableau

Dimitri Vicheney en 2011 devant son portrait peint par sa mère (copyright Andreï Korliakov - France)

 


 

Les prérégrinations de la Madonne Benois

 

Tous ceux qui visitent le Musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg ne manquent certainement pas d'y admirer un magnifique tableau de Léonard de Vinci représentant une Vierge à l'Enfant et dénommé "la Madone Benois". Dès l'abord, on peut se demander pour quelles raisons le nom de Benois est ainsi associé à cette oeuvre du maître italien. L'explication nous en est partiellement fournie dans les Souvenirsd'Alexandre Benois publiés en U.R.S.S. en 1980 et qui nous révèlent une bien curieuse histoire.

Avant d'être exposé au Musée de l'Ermitage, ce tableau se trouvait chez son frère, l'architecte et peintre Louis Benois, à la suite d'un héritage échu à sa femme Marie, née Sapojnikov, laquelle était issue d'une riche famille de commerçants de la ville d'Astrakhan sur la mer Caspienne (c'est dans cette famille qu'Alexandre Dumas a été reçu au cours de son périple en Russie effectué en 1856/59 et qu'il a raconté dans son livre Voyage en Russie).

Quant aux motifs de l'existence de ce tableau chez les Sapojnikov, ils étaient dus au fait, selon Alexandre Benois, que le grand-père de Marie l'avait acheté par l'inter-médiaire d'un général à des... comédiens ambulants de passage à Astrakhan.

Pressentant qu'il s'agissait d'un tableau de valeur, Louis Benois le soumit à l'expertise de son frère Alexandre, qui décela immédiatement que c'était une oeuvre de l'école florentine du XVe siècle et qu'elle pouvait même être de la main du grand Léonard. Mais pour en être sùr, il alla le montrer à Berlin au célèbre (alors) expert Müller Walde qui douta d'abord de son attribution à ce peintre.

Et ce n'est que quelques années plus tard, en 1906, alors que Benois était en train de monter une exposition des artistes russes au Grand Palais à Paris, qu'il vit arriver en trombe un Müller Walde surexcité qui lui cria :« Maintenant, j'en suis convaincu, votre Madone est bien de Léonard ! » Il avait en effet retrouvé à Londres des croquis préparatoires à ce tableau, faits par Léonard de Vinci. Ceci lui permettait même de le dater de 1478.

Le mystère de cette attribution était ainsi levé, mais l'opinion générale a longtemps ignoré par quels cheminements ce tableau avait pu tomber entre les mains de cette troupe itinérante, pour échouer à des milliers de kilomètres des lieux où il avait été peint. Et ce n'est que plus tardivement (en octobre 2011) que cette dernière énigme a pu être éclaircie grâce au souvenirs de Romano Benois, né et résidant en Italie, et l'un des petits-fils d'Alexandre Benois : il y a une cinquantaine d'années, il s'était lié d'amitié avec un membre de la famille princière de la ville de Sienne, les Picolomini. Or, ce dernier lui avait raconté qu'au début du XIXe siècle, l'un des fils du prince d'alors s'était passionné pour le cirque et que, grâce à l'argent facile de sa famille, il avait fondé sa propre et fastueuse troupe de cirque.

Celle-ci avait pour ambition de faire des tournées, même lointaines, à travers toute l'Europe, et, du fait que les Picolomini étaient des gens particulièrement cultivés dans le domaine de l'Art, cette troupe voyageait avec un certain nombre de tableaux de peintres italiens que cette famille avait acquis au fil des siècles. A chaque représentation du cirque, ces derniers étaient exposés sous une vaste tente accolée à celle du grand chapiteau. C'est ainsi qu'après l'arrivée du cirque à Astrakhan, l'un de ces tableaux, qui s'appelait encore la "Madone à la fleur", fut remarqué et acheté par ce général dont il a été question plus haut. On connait la suite. Reste juste à savoir si le vendeur et l'acheteur de cette oeuvre savaient s'il s'agissait d'un Léonard de Vinci ou d'un de ses épigones.

Quoi qu'il en soit, Louis et Marie Benois ont ensuite rétrocédé le tableau, devenu la "Madone Benois" au Musée de l'Ermitage dont il est devenu pour toujours l'une des pièces maîtresses.

Hélène Benois a effectué une copie en demi-teinte de cette Madone ; vous la trouverez ci-après, à la suite de l'original de Léonard de Vinci.

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 La Madonna de Léonard de Vinci

 

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Copie de la Madonna par Hélène Benois


 

 

 

 

 

 

 

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